Résumé du Rapport d’enquête sur la perception de la corruption en Haïti au cours de l’année 2021
Le rapport de l’enquête sur la perception de la corruption 2021 d’Ensemble Contre la Corruption présente les principales conclusions d’un sondage d’opinion publique qui explore les points de vue du public sur la corruption, ainsi que les expériences de corruption à travers le pays. Il évalue à quel point les principaux services publics et les grandes institutions sont perçus comme corrompus et mesure l’opinion des citoyens sur les efforts entrepris par les gouvernements pour combattre la corruption.
Idéalement, cette enquête pourrait être complétée par les opinions des experts sur la corruption dans le secteur public et les avis des hauts cadres de nos institutions publiques.
Sur le long terme, l’étude visera également d’informer sur les tendances en matière de perceptions du public sur la corruption. Il permettra d’évaluer l’évolution dans le temps ; en termes d’institutions jugées comme les plus corrompues, d’efficacité des efforts déployés par le gouvernement pour combattre la corruption et de proportion des citoyens versant des pots-de-vin.
Du 16 au 21 mai 1500 personnes ont été interrogées dans les 10 départements. Les enseignements clés sont les suivants :
L’appareil législatif, le système judiciaire et les partis politiques sont, en moyenne, perçus comme les plus corrompus dans le pays.
• Au plan national, les personnes interrogées jugeaient l’appareil législatif comme le secteur le plus corrompu, suivi de près par le système judiciaire.
• Les résultats agrégés masquent toutefois d’importants écarts entre les départements. Dans la capitale, le système judiciaire est jugé de loin comme le plus corrompu, alors que dans le reste du pays, les personnes interrogées citaient majoritairement l’appareil législatif.
Les services d’immigration sont les institutions les plus corrompus et sont par conséquent les bénéficiaires les plus probables de pots-de-vin.
• Durant l’année 2021, près de 6 personnes sondées sur 10 ont déclaré avoir versé (eux-mêmes ou une personne de leur foyer) un pot-de-vin reflétant un niveau de corruption très élevé dans le pays. Pour les personnes qui avaient versé des pots-de-vin (bay lajan anba tab), les paiements s’établissent en moyenne autour de 8 pour cent de leur revenu annuel.
• Les départements signalés comme les plus affectés par la petite corruption (versement de pots-de-vin) sont Artibonite, Centre et Grand-Anse.
• L’expérience de la petite corruption est répandue dans la capitale où 4 personnes sur 10 avouent avoir versé des pots-de-vin durant l’année 2021.
• Bien que les bureaux d’Immigration/Émigrations soient les institutions les plus souvent citées comme les plus corrompus dans le pays, là aussi des différences départementales apparaissent. Dans la Grand-Anse et l’Artibonite, les institutions les plus signalées comme corrompues sont les parquets et les tribunaux. Dans le Nord-Est et le Centre, la Direction Générale des Impôts (DGI) est perçue comme la plus favorable à la corruption.
• Les résultats montrent que les personnes les plus jeunes ont plus de chances de payer des pots-de-vin que les personnes âgées.
Les personnes ordinaires ne se sentent pas autorisées à s’élever contre la corruption.
• Le grand public ne passe pas habituellement par les voies officielles pour porter plainte en matière de corruption : sept personnes sur 10 ayant déclaré avoir versé des pots-de-vin n’ont pas déposé de plainte officielle.
• Environ la moitié des victimes de la corruption interrogées considèrent que porter plainte ne serai d’aucune utilité. Cette opinion variait en fonction du sexe et de l’occupation de la personne.
Le gouvernement est considéré comme inefficace dans la lutte contre la corruption.
• Globalement, l’opinion publique juge inefficaces les efforts déployés par le gouvernement haïtien pour combattre la corruption. Seuls 10 pour cent des personnes interrogées les considéraient efficaces, alors que 58 pour cent jugeaient les mesures anti-corruption de leur gouvernement inefficaces.